Pour l’amour de FB! Un peu, beaucoup, passionnément, à la folie…moi non plus
Qui « aime » bien sur FB, châtie mieux partout ailleurs
Belle surprise hier de tomber sur un ancien collègue qui a déménagé à l’autre bout du monde, avec qui j’ai gardé un certain contact à travers sa page Facebook. Sans trop me rappeler lequel de nous deux a initialement offert son amitié facebookienne, je le comptais parmi mes « amis » et offrais régulièrement mon approbation, mon « like », à ses photos, et il me rendait la pareille, comme le requiert le protocole de réciprocité du monde de FB. Le voir en chair et en os était pour moi un réel plaisir, d’autant plus que je l’avais toujours trouvé l’un des plus sympathiques de l’équipe de technocrates trop sérieux.
Tout naturellement je lui offre mon plus grand sourire, me retenant à peine de lui ouvrir mes bras, arrêtée de justesse par sa main tendue que je lui serre, à défaut du corps tout entier. Son attitude distante ne me perturbe pas outre mesure, et me voilà l’inondant de questions sur sa nouvelle vie aux antipodes, sa famille, ses hobbies, tous devenus familiers à travers ses multiples photos régulièrement postées sur sa page FB. Il me répond à demi-mot, comme gêné, soit de la présence des deux autres passagers de la cabine, ou tout simplement du fait que ces cinq dernières années passées loin de notre monde ont fait de lui un étranger, une nouvelle personne qui ne comptait pas retourner dans sa peau d’ancien collègue. Arrivé à son étage, il me lance un signe de tête et s’échappe, me laissant là, dépitée et bouche bée. Dès mon retour au bureau, la première chose que je fais, c’est de me connecter sur FB pour vite le « unfriend ». Et vlan ! S’il ne voulait pas de mes égards en personne, il n’en aurait plus droit dans le monde virtuel !
Cet épisode ira bien sûr conforter les arguments de la masse de rabat-joies qui fustigent FB pour la superficialité des supposées amitiés qu’on y entretient. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que je tombe sur un « ami » avec qui j’ai des échanges plus ou moins réguliers sur FB, qui une fois en présence me saluerait d’un geste furtif de la main. Il est clair que beaucoup de mes presque 300 « amis » de FB ne sont pas des amis traditionnels. Si j’enlève mes frères et sœur et leurs conjoints, et la multitude de neveux, nièces, cousins, cousines, tantes, oncles, et autres membres distants de ma famille, il me resterait sans doute moins de la moitié, dont je discernerais à peine une cinquantaine de vrais amis, toutes catégories confondues (d’enfance, d’ailleurs, d’hier et d’aujourd’hui). Resteraient alors la centaine de connaissances, certains réellement connus, d’autres acceptés au hasard d’un clic généreux, ou simplement parce qu’ayant plus de cinq amis en commun (un stress-test que recommande une amie, une vraie du monde réel, qui adopte cette règle dans le cas où elle ne reconnaîtrait pas un proche d’antan, et lui dénierait par erreur une place dans son lot d’élus!).
Revenons à mon vrai-faux ami de l’ascenseur. Il faisait donc partie de mon lot de connaissances; nous avions travaillé dans la même division, mais pas gardé des vaches ensemble! Je pensais le connaître à travers FB, m’octroyant le droit de l’accoster gaillardement après cinq ans d’absence. Notre incartade de l’ascenseur prouve bien que ce n’était pas le cas. Je devrais pourtant savoir, moi qui choisis soigneusement quelles photos poster sur ma page FB, que la censure personnelle est appliquée par tout un chacun, ne montrant que ce que l’on veut bien montrer, les poses flatteuses, les beaux voyages, les situations ambiguës quand elles nous arrangent, ou prises sans ambiguïté. Impossible donc de vraiment connaître quelqu’un à travers les clichés de FB, malgré la fausse impression de familiarité que ces tranches de la vie des autres nous procurent. Et pourtant j’étais troublée par son indifférence, et l’incident m’a fait remettre en question mon lot de vrai faux amis de FB. Pendant un moment, pleine de regret de ne pas pouvoir récupérer tous les « like » passés que j’ai offert à l’ingrat de l’ascenseur, et armée de mon désir de vengeance, l’idée m’a effleurée de faire le tri pour revoir le chiffre à la baisse. Mais ce n’était que l’espace d’un instant. Pourquoi réévaluer un choix du passé ? Une autre idée bien plus innovante, avant-gardiste je dirais même, a pris forme.
Je propose donc une nouvelle grille de notation pour les photos sur FB, parce que la seule option du « like » ne fait plus mon affaire. C’est un anglicisme dangereux, doublé d’un faux ami ! Au lieu donc du simple « like », de l’unique pouce vers le haut, je propose trois grandes catégories. Le « like », il restera, mais c’est pour quand on aime vraiment. Viendrait ensuite, le «vu» telle la notation laconique d’un enseignant dans la marge du cahier de devoir, en dépit des efforts de l’élève qui espérait une bonne note pour en rattraper quelques mauvaises reçues par le passé. Je proposerais même un « vu et approuvé », au besoin, pour montrer qu’on est en faveur de la scène sans pour autant « aimer » les protagonistes. La troisième catégorie serait le « oui, et alors ? » pour montrer qu’on a vu, qu’on n’approuve pas, qu’on aime encore moins, mais on se pose quand même la question de savoir pourquoi cette photo mérite quelque notation que ce soit. Je ne voudrais pas compliquer (envenimer) les choses en osant proposer, un « bon, passons à autre chose » mais qu’est-ce que j’aurais aimé avoir eu cette option, pour l’avoir utilisé au moins une fois, juste après mon aventure de l’ascenseur !
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