La belle aventure de Djifa
Quel plaisir de recevoir une invitation pour participer au rassemblement à Dakar des blogueurs les plus talentueux (et chanceux) de la plateforme Mondoblog, organisé par l’Atelier des Medias de RFI. L’aventure qui, depuis un peu plus d’un an, me fait voyager virtuellement de par le monde, à travers les centaines de blogs de la plateforme, m’emmènera en personne au pays de la Teranga, fin novembre. En attendant de raconter mes trépidations en détail, je dois revenir sur le début de l’aventure.
C’est par un heureux clic que je suis tombée sur un article d’un blogueur sur Facebook, qui m’avait beaucoup plu. De clic en clic, j’ai suivi le fil d’Ariane et finalement atterri sur Mondoblog. C’était pour moi la découverte d’un « nouveau monde ». Une réponse à un rêve que je nourrissais sans vraiment savoir comment le réaliser. J’avais enfin trouvé un espace pour partager mes idées et échanger avec d’autres, qui comme moi, affûte leur plume au gré de l’actualité et de leur humeur. Sans hésiter je me suis promis de soumettre ma candidature pour le prochain concours. En attendant le lancement du concours, je forçais mon projet à l’oreille de tous mes proches, et même de ceux qui ne voulaient l’entendre. Un de mes amis s’est moqué de moi. Il m’a demandé d’où venait ce besoin d’initier un blog en français. Je vivais aux Etats-Unis depuis près de 20 ans, je parlais couramment anglais, je l’écrivais plutôt bien. Pourquoi donc perdre mon temps à écrire dans une langue qui pour lui était devenue inutile, et surtout synonyme d’aliénation à la France?
Mon ami antagoniste est un dur à cuire en matière politique, surtout lorsqu’il s’agit de la France et de ses rapports avec ses anciennes colonies. Selon lui (et il n’est pas seul adepte du « French bashing » africain, cf. notre billet « Douce France« ), mon attachement à la langue française ne mène nulle part. Je devrais plutôt me tourner vers l’anglais, la langue du futur ! Euh, non merci, je dis. Enfin, pas que. Mais connaissant mon ami je n’ai pas voulu me lancer dans un débat qui nous fâcherait forcément, et j’ai donc préféré donner des arguments du bout des lèvres. Et pourtant j’en avais gros sur le cœur, et même s’il n’est probablement pas de mes lecteurs assidus, je voudrais ici revendiquer les raisons qui m’ont poussée à entretenir un blog en français.
En fait entre la langue française et moi, c’est une longue histoire d’amour. J’ai passé mon enfance en France, et depuis lors j’ai adoré parler français. De retour chez moi au Togo, j’étais de celles qu’on catégorisait comme «chocobitantes », du fait de mon accent made in banlieue parisienne. Je garde à travers le français une certaine nostalgie de mes années d’adolescente. Plus tard, en déménageant dans un monde anglophone, c’est devenu un bien précieux, un atout exceptionnel, non seulement sur le plan professionnel mais également dans ma vie privée. De nos jours maintenir mon français est tout aussi important que l’anglais, et peut être encore plus maintenant, du fait que ne je le parle plus quotidiennement. Je me sens d’ailleurs coupable de favoritisme et de non-transmission d’héritage culturel à mes enfants, du fait de ne pas privilégier leur apprentissage du mina, ma langue vernaculaire du Togo, préférant plutôt leur apprendre le français (cf. notre billet « Langues« ).
Depuis la sélection de Djifa au concours Mondoblog 2014, j’utilise cet espace pour partager toutes sortes d’idées, selon mes humeurs, comme une carthasis. J’ai donc trouvé en ce blog un moyen de montrer, et démontrer, mon amour, et de célébrer le bonheur d’appartenir au cercle francophone, à travers chaque billet, exprimé du fond de mon cœur. C’est le lieu où je reviens sur mes expériences passées en France et ailleurs, mais également celles d’aujourd’hui, vécues dans mon quotidien anglophone. C’est mon petit coin, où je peux me libérer, dévoiler ma pensée et ouvrir mon cœur. Et les mots qui en échappent sortent alors à l’état brut, en français.
J’apprécie énormément l’intérêt de tous ceux qui reviennent régulièrement sur ce blog, pour lire, commenter, ou juste survoler mes billets. Si comme moi, chers lecteurs, vous aimez parler français, je vous souhaite aussi de trouver un moyen de revendiquer cet amour. Laissons parler (dans la langue de leur choix) ceux qui cherchent querelle, et acceptons le français pour ce qu’il est dans nos vies : une richesse culturelle, un porte-voix de plus pour faire écho à nos pensées quotidiennes, un tunnel de communication intercontinental, et un tremplin pour nous faire voyager au-delà de nos frontières.
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